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vendredi 19 juin 2020

GRUNGE


En feuilletant un vieux magazine de rock des années 90 je suis tombé sur un Top 15 des albums alternatifs de 1991.


On y trouve un peu de tout du noise, de l’aternatif, du punk, du hardcore et du grunge.Ca y est le gros mot est laché : GRUNGE. Grunge – Grungy - Sale
Je ne suis pas un gros fan de cette scène , pour multiples raisons, mais j’voue l’avoir suivi / subi de par son expansion qui fait qu’on ne pouvait y échapper.
Tous ces petits groupes indies sont devenus des monstres qui ont échappé a leur contrôle puisqu’ils se sont fait digérés par le business  pour la plupart .Bien que certains aient su garder la tête froide et  gardé leur ligne directrice et leur Independence dans un anonymat relatif.
Ce mouvement a surtout engendré des milliers de copies, ce qui a probablement accentué la perte de crédibilité dans l’attitude très dépressive des débuts au profit d’un mélange de power pop enrobé de guimauves. Mais ce qui a aussi favorisé la disparition de ce style en moins de temps qu’il ne lui en a fallu pour apparaitre au grand jour et être récupéré de tous côtés.
Tout part de Sub Pop un label de musique indépendant créé en 1986 par le journaliste Bruce Pavitt et l'organisateur de concert Jonathan Poneman
Quand on regarde les signatures des premiers groupes de ce label on se pince : Green River, Soundgarden, Mudhoney , TAD, Nirvana, Sonic Youth, Afghan Whigs,  Screaming Trees, L7, Dinosaur Jr., Poison Idea, Smashing Pumpkins, Hole pour les plus connus.
Tous ces groupes jouent de la musique alternative (terme un peu fourre-tout) propre à une scene indépendante un peu en dehors des circuits traditionnels.
C’est punk dans l’âme car on ne se projette pas au lendemain (‘No future’) mais c’est bourré d’énergie et de violence musicale
C’est noisy un peu foutraque car les guitares sont très saturées et la technicité des musicos n’est pas leur qualité première, ainsi que les moyens de production très limités.
C’est alternatif car on n’est plus dans le circuit radio / collège US bien implanté et aussi par les thèmes à tendance dépressive et sombre abordés.
Malgré des similitudes quand à l’attitude et l’énergie on s’éloigne par contre du coté politique qu’aborde le hardcore, un des ses cousins éloignés.
De 1988 – 1991 ça bouillonne, ça fourmille, ça se met en place tout doucement mais on sent bien qu’il y a quelque chose qui est en train de  pointer  le bout de son nez .Dans la presse spécialisée on voit apparaitre des petits encarts de + en + fréquents sur ces petits groupes dont on arrive à peine à se procurer les quelques offrandes qui sortent (le temps d’avant Internet).
Il y a un nom qui sort du lot très rapidement et qui va être sur toutes les lèvres dans le monde musical : Nirvana. L’emblème du mouvement , sans le vouloir et encore moins le revendiquer.
Des débuts hyper chaotiques et un premier jet pas trop reconnu car noyé dans la masse de ses albums sortis sur des petits labels en pseudo confidentialité. De toutes façons au vu des influences et de l’envie des musiciens la musique était presque secondaire et leur servait plus d’exutoire et de principe de vie. Et puis la bonne fée se penche sur le berceau et fait que le second album ‘Nevermind’ devient un OVNI musical qui défie toute logique car il se transforme en méga best seller (+ de 30 millions de copies dans le monde de nos jours)avec diffusions en boucle du clip de ‘Smells like teen spirit’ sur MTV et des reportages incessants.
On ne peut passer  à côté du phénomène  qui va se transformer en pseudo révolution musicale (alors que musicalement il n’y a pas de quoi) et qui va casser une bonne partie des codes en cours dans le monde du business. Tout le monde veut sa part du gâteau (d’où la tripotée de groupes qui sortent de partout mais qui ne valent pas grand-chose ce qui est le lot des copieurs).
Les maisons de disques veulent tous leur groupe grunge,  les magazines ne parlent lus que de çà (même ‘Ocarina magazine’ a du faire un article…..Le merchandising a gogo (qui n’a jamais croisé une midinette avec son joli smiley nirvanesque ?), les marchands de chemise de bucheron à carreaux ont fait leur beurre et même les plus grandes maisons de mode s’y sont mis et se sont appropriés le grunge pour le transformer en une bête immonde .
De par ce fait le grunge dépasse le cadre et la matière qui le caractérisaient et se laisse happer comme un vulgaire produit commercial. Un peu à la manière du punk anglais des années 76-78 (pas étonnant que tout ait plus ou moins démarré en Angleterre qui a toujours été un pays précurseur).
Je ne vous parle même pas de tous ces pseudo sociologues qui ont du analyser le mouvement sans se rendre compte que le mouvement était déjà au bord de l’effondrement.
Pour en revenir à Nirvana , on a l’impression que le groupe ne contrôle plus rien, qu’il est happé, mâché par le système et malgré une certaine tentative de réappropriation avec la sortie de ‘In Utero’ qui montre une volonté de revenir aux bases qui furent les leurs. Si on rajoute la surexposition médiatique quasi permanente et les frasques en tout genre (la petite poudre blanche , le mariage avec  Yoko/Courtney Love, les tentatives de suicide de Kurt,etc….) on sent bien que la survie du groupe est très précaire. Jusqu’au 5 avril 1994 ou Kurt Cobain met fin a ses jours (désolé pas de photos choc) et qui enclenche irrémédiablement la fin également de ce courant musical.
Vu le genre, les thèmes abordés et la façon de les aborder on ne sera pas surpris de l’issue de cet élan qui brisait un peu tout sur son passage. Il en restera quelques beaux témoignages musicaux et surement une belle initiation aux musiques saturées (le rock quoi, le vrai !!!!!) pour toute cette jeunesse du moment. Y’a pas à hésiter entre un Nirvana et un boys band tout de même…(remember 2BeFree ou Take That à vomir)
En ce qui concerne les galettes qui ont marqué cette époque pas étonnant de trouver les pointures du genre : Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden (le top 3 absolu) mais aussi  Mudhoney, Dinosaur Jr , L7, Afghan Whigs, avec une renommé moindre mais qui ont contribué a l’établissement et la reconnaissance du mouvement.

Qu’en est-il 30 ans après ? Il ne reste pas grand-chose de cette scène. Pearl Jam vient de ressortir un excellent album, Nirvana, Soundgarden , Alice in Chains , Stone Temple Pilots  n’existent plus suite aux deces de leur chanteur.
Les autres groupes assimilés sont retournés dans leur niche musicale ultra confidentielle et assez ardue d’approche : Melvins, Dinosaur Jr, Mudhoney, Fugazi qui continuent leur histoire sans se retourner sur cette période desormais révolue.



Pour se remémorer (ou découvrir) on va parler un peu de ces disques.








Impossible de ne pas commencer avec ‘Nevermind’ de Nirvana. Un album sorti de nulle part avec une drôle de pochette. Des tubes à la pelle, des refrains qui ne vous quittent plus, une production à la hauteur qui permet d’entendre tous les instruments (bon OK il n’y en a que 3), des mélodies imparables le tout enrobé d’une tension permanente et un peu dérangeante. Avec une diffusion sur tous les supports medias de l’époque (TV & radio) on a tous entendu un morceau de Nirvana qui nous a fait lever la tête pour savoir d’où ça sortait. L’album ultime qui a bien vieilli et fait toujours son effet.


En ce qui me concerne j’aurais plutôt mis en premier le ‘Ten’ de Pearl Jam car beaucoup plus élaboré et qui ressemblait plus a quelque chose de vraiment pensé et construit, un vrai album de rock. On est moins dans la colère (même si elle est présente) .Il y a surtout plus de maitrise des instruments et un vrai savoir faire de composition , avec pas mal d’influences heavy rock 70’s. On y trouve ,là aussi, des mélodies gorgées de feeling malgré le côté moins immédiat de Nirvana. Une section rythmique qui sait se faire entendre, une paire de guitaristes complémentaires et sachant placer les notes justes où il faut. Dois-je vous parler du chanteur ? Eddie Vedder avec sa voix rocailleuse mais qui sait se faire plaintive et cajoleuse en même temps sur des textes bien dans l’ère du temps (peut être leur seul point commun avec le grunge).Ca monte, ça descend et ça repart de plus belle pour un album qui fonctionne encore bien de nos jours.
Médaille de bronze attribué à Soundgarden pour son album (c’est là que ça se corse)’Superunknown’ qui est contrairement à son titre le plus connu et le plus vendu mais qui n’est pas celui qui caractérise le côté grunge des débuts du groupe.


Moi je mettrais plus ‘Badmotorfinger’ (là ou les puristes mettraient plus volontiers ‘Louder than love’). C’es leur second album, celui qui va les faire décoller. Enfin épaulé par un vrai producteur ,Terry Date, qui va leur donner un gros mur de son pour soutenir ces chansons puissantes et rageuses avec un gros feeling groovy. On sent bien les influences sabathiennes qui ressortent mais qui sont bien assimilées . La encore on trouve un chanteur hors pair qui sait distiller les ambiances et les émotions à souhait : Chris Cornell.
Voilà d’un Top 15 j’en suis parvenu à un Top 3.
Je voudrais juste faire un petit complément car il y a un autre album qui m’a vraiment marqué de cette époque bien qu’il soit resté relativement confidentiel. Il résume entièrement tout ce qui a été dit sur cette époque. Un album sublime, un destin tragique mais une émotion qui se dégage des chansons qui me filent toujours les poils.
Je veux parler de ‘Mother Love Bone’ et de son album éponyme (et Azelma comme dans Les Misérables). On y retrouve Terry Date le producteur, des influences de Led Zep à Sabbath en passant par les Stooges. Une certaine variété dans leurs titres mais qui couvre tout le champ lexical et musical du grunge. Un look plus rock’n’roll qui frise le glam rock qui se différencie des autres groupes. Le chanteur Andrew Wood décède d’une overdose peu de temps avant las ortie de l’album ce qui lui conférera un statut culte d’emblée mais qui lui coupera la reconnaissance qu’il aurait du connaitre. Et puis si on s’attarde un peu plus sur les débuts du groupe on ne sera pas surpris d’apprendre qu’ en février 1988, Stone Gossard et Jeff Ament (futur gratteux et bassiste de Pearl Jam) enrôlent Andrew Wood (ex-Malfunkshun) et fondent Mother Love Bone. La boucle est bouclée , enfin pas tout à fait puisque suite au deces d’Andrew Wood sort un album qui sera la synthese parfaite du grunge. ‘Temple of the Dog’ un album marqué par la mort, des textes depressifs à souhait, des musiciens ultra emblématiques et un palette émotionnelle qui vous fera craquer.

Temple of the Dog est un groupe de grunge américain, originaire de Seattle, dans l'État de Washington. Il est formé en 1990 par Chris Cornell (chanteur de Soundgarden) pour rendre hommage à son colocataire et ami Andrew Wood (chanteur du groupe Mother Love Bone) mort d'une overdose au cours de l'année. Il fut rejoint par Stone Gossard et Jeff Ament (tous deux membres de Mother Love Bone puis de Pearl Jam), Matt Cameron (batteur de Soundgarden), Eddie Vedder et Mike McCready (futurs chanteur et guitariste de Pearl Jam).



Pour resumer le tout je vous donne le Top 50 des albums de grunge réalisé par Rolling Stone Magazine. Faut savoir que les ricains et les angliches editent toujours leur referendum du dernier au premier.
Rolling Stone's 50 Greatest Grunge Albums
50. Mother Love Bone – “Apple“
49. Toadies – “Rubberneck“
48. Fecal Matter – “Illiteracy Will Prevail“
47. The U-Men – “Step On A Bug“
46. Veruca Salt – “American Thighs“
45. The Stooges – “Fun House“
44. Skin Yard – “Hallowed Ground“
43. Black Flag – “My War“
42. Alice In Chains – “Jar Of Flies“
41. Soundgarden – “Screaming Life“
40. Mudhoney – “Every Good Boy Deserves Fudge“
39. The Gits – “Enter: The Conquering Chicken“
38. The Fluid – “Purplemetalflakemusic“
37. L7 – “Smell The Magic“
36. Neil Young And Crazy Horse – “Ragged Glory“
35. Paw – “Dragline“
34. 7 Year Bitch – “¡Viva Zapata!“
33. Babes In Toyland – “Fontanelle“
32. Smashing Pumpkins – “Gish“
31. Tad – “8-Way Santa“
30. Wipers – “Youth Of America“
29. Green River – “Come On Down“
28. Soundgarden – “Louder Than Love“
27. Babes In Toyland – “Spanking Machine“
26. Smashing Pumpkins – “Mellon Collie And The Infinite Sadness“
25. Melvins – “Bullhead“
24. Stone Temple Pilots – “Purple“
23. Soundgarden – “Ultramega OK“
22. Various Artists – “Deep Six“
21. Jerry Cantrell – “Degradation Trip“
20. Green River – “Dry As A Bone“
19. Various Artists – “Singles: Original Motion Picture Soundtrack“
18. Mad Season – “Above“
17. Screaming Trees – “Sweet Oblivion“
16. Melvins – “Houdini“
15. L7 – “Bricks Are Heavy“
14. Alice In Chains – “Facelift“
13. Nirvana – “Bleach“
12. Smashing Pumpkins – “Siamese Dream“
11. Stone Temple Pilots – “Core“
10. Pearl Jam – “Vs.“
09. Soundgarden – “Superunknown“
08. Nirvana – “In Utero“
07. Temple Of The Dog – “Temple Of The Dog“
06. Alice In Chains – “Dirt“
05. Mudhoney – “Superfuzz Bigmuff“
04. Hole – “Live Through This“
03. Pearl Jam – “Ten“
02.
Soundgarden – “Badmotorfinger“
01. Nirvana – “Nevermind“

Allez ressortez les chemises à carreaux (avant qu’il ne fasse trop chaud), les jeans troués, les pompes délacées et les bonnets  avant de remettre un bon vieux Alice in Chains ou un Pearl Jam.
PS : mention spéciale au ‘Mirrorball’ de Neil Young réalisé avec les membres de Pearl Jam.

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